mardi 27 décembre 2011

Angola : le retour de l'Unita en 2012 ?

Est-il possible de réussir sa reconversion de mouvement armé d'opposition pendant presque 30 ans, à parti politique challenger des prochaines élections et apte à proposer un nouveau président ? C'est le grand défi qui attend l'UNITA en cette nouvelle année 2012.

En effet, l'UNITA, ou Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (acronyme de União Nacional para a Independência Total de Angola), fondée en 1966 par son leader charismatique Jonas Savimbi qui dirigea le mouvement jusqu'à sa mort en 2002, a d'abord été une force - parmi d'autres - de libération qui a combattu le colonisateur portugais jusqu'à l'indépendance du pays en 1975. L'Angola naît alors sous le nom de République Populaire d'Angola, et se range auprès du bloc soviétique. Jonas Savimbi et son mouvement prennent le maquis et, soutenus d'abord militairement puis au niveau logistique par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Afrique du Sud, prennent part à une guerilla sans merci qui mènera le pays au bord de la guerre civile. Dans les années 1980, l'UNITA, de moins en moins épaulée par ses alliés suite à l'arrivée du président Dos Santos qui se rapproche de l'Occident, se tourne vers le trafic de diamants pour se financer.

Dans les années 1990, après le désengagement des puissances étrangères et en concordance avec la chute de l'URSS, des tentatives de négociation sont engagées entre le gouvernement en place (MPLA, mouvement populaire de libération de l'Angola) et l'UNITA. Un cessez-le-feu est signé en 1991 et des élections ont lieu pour la première fois. Le MPLA remporte les élections, et Jonas Savimbi reprend le maquis. Jusqu'en 2002, l'Angola verra se succéder un autre cessez-le-feu, un gouvernement d'union nationale et des attaques répétées contre les forces gouvernementales. Après un ultime assaut de l'armée contre l'UNITA en 2002, Jonas Savimbi est abattu. Un accord de paix est trouvé la même année, mettant fin à un conflit de 27 ans qui aura causé plus de 500.000 morts et fait plus de 4 millions de déplacés. Aujourd'hui, l'UNITA est une force politique à part entière, dirigée par Isaías Samakuva. En 2012, des élections générales auront lieu en Angola, où les représentants élus désigneront le nouveau président de la République d'Angola. Mais quelle place pour l'UNITA après tous ces déchirements ?

Malgré son passé chargé, le mouvement a tout à gagner de sa position de challenger aux élections générales. En effet, en 2005 l'âge médian de la population était de 18 ans, ce qui signifie que plus de la moitié des habitants aujourd'hui en âge de voter n'ont pas connu les violences causées par Jonas Savimbi, et ne voient l'UNITA que comme un parti politique d'opposition. Cette même tranche de la population, contrairement à ses parents, a majoritairement reçu une éducation (taux d'alphabétisation proche de 70%) et est tout-à-fait consciente des difficultés du pays à faire fleurir une économie totalement dépendante de l'exploitation pétrolière. Cette population, dont l'espérance de vie tourne autour de 50 ans, n'a connu que la présidence de José Eduardo dos Santos (en place depuis 1979), et pourrait vouloir fortement aspirer au changement après les événements de 2011 sur le continent africain. Enfin, Isaias Sakamuva sera le seul grand ponte des deux listes qui s'affronteront, et l'UNITA compte sur sa popularité et ce concours de circonstances pour effacer la défaite de 2008 où le parti avait dû se contenter de 16 sièges sur 223 à l'Assemblée. Le mouvement compte bien se frayer un large chemin vers les hautes sphères du pouvoir, chemin dont il aura finalement été écarté depuis toujours.

Alors 2012 sera-t-elle l'année du renouveau de l'UNITA en République d'Angola ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire