dimanche 8 janvier 2012

Le Danemark assure la présidence semestrielle de l'Europe

Après six mois de présidence polonaise qui aura été quasi complètement éclipsée par les sommets franco-allemands à répétition dans ce contexte de crise économique, le Danemark prend le relais en ce début d'année 2012, et pour la sixième fois depuis son adhésion. C'est l'occasion pour ce pays d'Europe du Nord, grand comme à peine un dixième de la France (si l'on exclut les provinces autonomes du Groenland et des Îles Féroé), et surtout pour son gouvernement fraîchement élu en septembre dernier, dirigé par la pro-européenne Helle Thorning-Schmidt, de faire ses preuves tant auprès de la population que sur le continent.

En effet, autrefois modèle économique, le Danemark traverse aujourd'hui lui aussi une période économique difficile au même titre que ses voisins européens. Avec une économie essentiellement tournée vers les exportations du fait d'un marché intérieur restreint (un peu plus de 5,5 millions d'habitants en 2011), le Danemark a souffert de la crise. La consommation intérieure, en recul depuis maintenant plusieurs années, devrait continuer à se dégrader, et la TVA de 25 % reste très élevée. Les exportations, essentiellement basées sur l'agriculture (dont une part importante de produits issus de la pêche maritime) et l'industrie spécialisée en niches (trafic maritime, jouets, régulation thermique, haute fidélité...), deviennent plus difficiles et le resteront. Enfin, la compétitivité des entreprises et du marché danois se détériore, comme dans l'ensemble des pays industrialisés, notamment face à la montée en puissance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). La croissance est donc en baisse rapide depuis plusieurs années.
 
Membre de l'Union européenne depuis 1973, conséquence directe de l'adhésion de la Grande-Bretagne, leur principal client de l'époque, le pays, toujours grand allier des Britanniques et donc indirectement des Etats-Unis, pourrait bien profiter de cette présidence pour se recentrer vers ses voisins directs. Cependant, le Danemark, tout comme le Royaume-Uni, n'appartient pas au club des pays ayant adopté la monnaie unique (le "non" l'a emporté au référendum de septembre 2000 sur cette question, et celui prévu en 2008 a été reporté), et avait même refusé le traité de Maastricht lorsque celui-ci avait été soumis à référendum. Les Danois sont très attachés à tout élément de leur souveraineté nationale, et ne sont pas prêts pour le moment à en abandonner le moindre symbole. Pourtant, le Danemark aura très certainement à cœur de marquer sa présidence par une gouvernance européenne qu'il tentera exemplaire, même si les enjeux et le contexte difficile sont déjà connus à l'avance.

Ainsi, Copenhague entend faire de la relance de la croissance l'un de ses principaux défis. Les négociations sur le budget de l'Union européenne pour 2014-2020 seront également l'un des dossiers phares. Les grandes lignes seront donc la sortie de la crise économique et financière, la restauration de la croissance, l'élargissement de l'espace Schengen et l'achèvement des négociations sur le budget pluriannuel 2014-2020. Enfin, le pays sera contraint de se focaliser davantage sur les sujets financiers et moins sur les sujets écologiques tels que la croissance verte et l’efficacité énergétique, qui tiennent pourtant à cœur le gouvernement. Un beau programme en perspective, certes très chargé et ambitieux, qui n'aura que six mois pour être mis sur les rails...


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