dimanche 18 décembre 2011

Youssou N'Dour, futur candidat à l'élection présidentielle sénégalaise ?

7 Seconds avec Neneh Cherry, l'hymne de la Coupe du Monde de football de 1998 avec Axelle Red ou encore la bande originale du film Kirikou et la sorcière, Youssou N'Dour est un artiste sénégalais complet et accompli. Après la musique, le cinéma et un très fort engagement caritatif, l'artiste pourrait encore ajouter une corde à son arc dès le 2 janvier prochain. C'est à cette date qu'il a annoncé l'officialisation de sa décision de se présenter ou non à l'élection présidentielle sénégalaise, dont le scrutin se déroulera en février 2012. Une énième candidature de plus parmi la vingtaine que compte déjà le Sénégal ? Pas si sûr.
Car à bien y regarder de plus près, les enjeux de cette dixième élection présidentielle depuis l'indépendance du pays en 1960 ont changé. Le président en exercice, Abdoulaye Wade, a certes modifié la constitution pour limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, mais espère encore profiter d'une brèche juridique pour, à 85 ans, se présenter une troisième - et certainement dernière - fois. D'abord partisan en 2007 de laisser la place à une nouvelle génération, c'est-à-dire à son fils, Karim Wade, il s'est ensuite littéralement "renié" en 2009, suite à l'échec de celui-ci pour remporter le fauteuil de maire de Dakar, la capitale, face à une opposition rassemblée. Karim Wade devient alors ministre d'Etat avec plusieurs portefeuilles et, en 2011, son père décide de réformer de nouveau la constitution. Un "ticket" présidentiel est proposé - clairement père-fils - pouvant être élu avec une majorité à 25% des suffrages. Le jour du vote à l'Assemblée nationale, le peuple sénégalais est descendu dans la rue pour manifester vigoureusement son opposition. Le Mouvement du 23 Juin ou M23 était né.

De son côté, l'opposition s'était trouvée renforcée et légitimée dans ses actions par ce soudain réveil citoyen. Depuis, les manifestations se sont multipliées pour le retrait de la candidature du président sortant, et les divers mouvements associatifs tentent de montrer l'exemple aux politiques en se fédérant sous une même bannière. Mais rien n'y fait. Plus d'une vingtaine de candidats sont déjà prêts à entamer leur campagne, et les débats n'en finissent plus de tourner autour de la légalité de la candidature Wade. Parmi eux, Idrissa Seck, Macky Sall et Aminata Tall, figures politiques nationales et anciens du parti majoritaire, ont tous trois annoncé leur candidature, en plus des candidats de l'opposition traditionnelle qui n'a pas su proposer un représentant unique. Le dégagement d'une majorité pour l'un des candidats apparaît alors comme impossible, d'autant que les égos ne semblent pas près de s'effacer.

Pourtant, un énième candidat pourrait peut-être faire l'unanimité. En effet, un candidat qui n'est pas une autre figure politique, pas affilié à un parti, qui pourrait se positionner au-dessus de la mêlée et qui, de par sa stature nationale et internationale, ferait souffler un vent de renouveau dans les institutions politiques sénégalaises quelques peu encroûtées par la gérontocratie ambiante. Après tout, Youssou N'Dour pourrait très bien mener une campagne éclair d'à peine deux mois, puisque l'opposition et le président sortant, en cette mi-décembre, en sont toujours à débattre sur le fond de la question juridique. Après tout, il ne serait pas le premier artiste à oser poser sa candidature à une telle élection pour au moins engager un autre débat. Après tout, il ne serait pas non plus le premier chanteur à accéder à la fonction suprême de son pays dans un immense élan populaire, imprégné d'espoir, et fatigué de la corruption et des débats stériles qui n'en finissent plus. Après tout...

1 commentaire:

  1. Cet article a également été publié sur Agoravox, et est disponible à l'adresse suivante : http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/youssou-n-dour-futur-candidat-a-l-106484

    RépondreSupprimer